23-24 oct. 2023 Evry-Courcouronnes (France)

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Massive Attack et la scène trip hop de Bristol

Colloque, Université d’Évry Paris-Saclay

Lundi 23 et mardi 24 octobre 2023

Amphi audio

 

Appel à communications

Considéré comme l'inventeur du trip hop, Massive Attack incarne également le chef de file de la scène de Bristol située au sud-ouest de l'Angleterre. Autrefois ville portuaire déterminante dans le commerce triangulaire, elle abrite dans les années 1980 un foyer de jeunes artistes (MC, DJ, danseurs·ses et graffeurs·ses) grandissant au croisement d'influences des musiques électroniques afro-américaines (house de Chicago et rap new-yorkais) et du reggae jamaïcain.

Nommé d'après le western éponyme de Sam Peckinpah, le sound system bristolien The Wild Bunch se forme en 1982 autour de deux DJ, bientôt rejoints par des graffeurs et MC. Jusqu'en 1989, le collectif à géométrie variable assure des DJ sets dans des clubs et des entrepôts avant de se dissoudre et de laisser place à Massive Attack, nouveau projet de Grant Marshall (DJ et cofondateur), et Robert Del Naja – dit 3D (rappeur et graffeur). Deux autres musiciens gravitant autour de The Wild Bunch rejoignent le groupe dès 1988 : Adrian Thaws – dit Tricky, et Andrew Vowles – dit Mushroom.

Poursuivant le métissage qui caractérisait The Wild Bunch et l’influence croisée de The Clash, Public Enemy et Lee “Scratch” Perry, Massive Attack produit une musique mêlant des programmations électroniques (boîte à rythmes, synthétiseurs), des samples de musique afro-américaine (jazz, soul, funk) et des rythmiques héritées du hip-hop, du reggae et de son évolution psychédélique, le dub. Ses quatre membres abordent la création musicale à la manière de beatmakers et de directeurs artistiques utilisant machines, claviers, guitares et basses tout en invitant un cercle varié de chanteurs·ses et instrumentistes issu·es du rap, de la soul, du reggae ou du rock, parmi lesquel·les les chanteuses soul Shara Nelson et Neneh Cherry, ou le chanteur reggae Horace Andy. Leur premier album, Blue Lines, sort en 1991 chez Virgin et s'impose comme le manifeste du trip hop avec un million de copies écoulées. Ses dix chansons (portées par plusieurs singles marquants, notamment “Unfinished Sympathy” et “Safe From Harm”) témoignent de la rencontre de timbres parfois contraires (scratchs de platine, guitares et basses électriques, piano acoustique et électrique, batterie acoustique et samplée, orchestre réel et samplé, effets psychédéliques, etc.) à l'image de la quinzaine de musicien·nes présent·es en studio (femmes, hommes, noirs et blancs). Associé à la consommation de cannabis, le trip hop ravive le psychédélisme des années 1960 et poursuit celui du Second summer of love (1988-1989) dans un spleen rêveur. L'intitulé du genre relie ainsi la culture hip-hop (et son mélange postmoderne d'influences et de timbres dû à l'utilisation de samples) à la notion de trip psychédélique.

Massive Attack parfait son style durant les années 1990 avec deux autres albums majeurs, Protection en 1995 et Mezzanine en 1998. Désormais épaulé par d'autres artistes et groupes issus de la scène de Bristol, notamment Portishead et Tricky, le groupe développe son amour pour les musiques de films (John Barry, Lalo Schifrin ou Ennio Morricone) et pour le post-punk (Public Image Ltd, Siouxsie & The Banshees et Cocteau Twins). Les arrangements orchestraux appuient des climats souvent sombres et s’insèrent dans des formes longues.

Salué par ses contemporains, de Björk à Madonna en passant par Radiohead, Massive Attack dépasse la seule sphère musicale par l'utilisation de light shows de plus en plus sophistiqués et un discours politisé, notamment à la suite du quatrième album 100th Window sorti en 2003, luttant contre la guerre, pour la défense des droits humains et de l’environnement. Son influence musicale surplombe trente ans de musique enregistrée, du rap de Roots Manuva et Shabazz Palaces aux musiques électroniques de DJ Shadow et Burial, en passant par le rock de PJ Harvey et Deftones et le R&B alternatif de FKA Twigs et Sevdaliza ; tandis que son réseau de collaborateurs·trices compte des figures importantes de la musique (Shara Nelson, Tracey Thorn, Madonna, Liz Fraser, Tunde Adebimpe, Damon Albarn, Sinead O'Connor et Horace Andy) et de l’image (Michel Gondry, Jonathan Glazer, Jean-Baptiste Mondino et Nick Knight, sans compter les rumeurs persistantes reliant le maître du street art Banksy à 3D).

Ce colloque entend étudier la scène trip hop bristolienne dans la perspective large de la musicologie des musiques populaires. Les approches, qui peuvent être historiques, analytiques, esthétiques, sociologiques, etc., pourront s’inscrire dans les axes d’études suivants, non exhaustifs :

  • Questionnement sur les caractéristiques du Bristol sound
  • Les influences musicales, le croisement d'influences savantes et populaires
  • Les collaborations musicales et visuelles de Massive Attack
  • Massive Attack et la performance live, le rapport musique et scène
  • Massive Attack et la technologie, l’innovation technique dans la composition
  • L'engagement social et politique de Massive Attack
  • Les liens avec l’industrie musicale
  • Les origines et influences du trip hop à Bristol et ailleurs

Les propositions de communication (indiquant un titre et un résumé de 300 mots maximum, accompagnés d'une courte notice biographique) doivent être envoyées conjointement à Grégoire Tosser, Matthieu Thibault et Mathieu Guillien avant le 30 juin 2023. Une réponse sera apportée courant juillet 2023.

Bibliographie indicative

  • Ian Bourland, Massive Attack’s Blue Lines, New York: Bloomsbury Academic, 2019.
  • Lloyd Bradley, Bass Culture: When Reggae was King, London: Penguin Books, 2001.
  • Ragnhild Brøvig-Hanssen & Anne Danielsen, Digital Signatures: The Impact of Digitization on Popular Music Sound, Cambridge & London: MIT Press, 2016.
  • Chris Burton & Gary Thompson, Art & Sound of the Bristol Underground, Bristol: Tangent Books, 2018.
  • Mélissa Chemam, En dehors de la zone de confort : de Massive Attack à Banksy, l'histoire d'un groupe d'artistes, de leur ville, Bristol, et de leurs révolutions, Paris: Anne Carrière, 2016.
  • Simon Reynolds, Energy Flash: A Journey Through Rave Music and Dance Culture, London: Faber & Faber, 2013.
  • Simon Reynolds, Rip it Up and Start Again: Postpunk 1978-1984, London: Faber & Faber, 2006.
  • Dan Sicko, Techno Rebels: The Renegades of Electronic Funk, Detroit: Wayne State University Press, 2010.
  • R.J. Wheaton, Portishead’s Dummy, New York: Bloomsbury Academic, 2011.
  • R.J. Wheaton, Trip-Hop, New York: Bloomsbury Academic, 2022.

RASM

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